« Celui qui a la conscience d'avoir mérité de son pays et surtout de lui être encore utile, celui que ne rassasie pas une vaine célébrité et qui dédaigne les succès d'un jour pour une véritable gloire, celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public indépendamment des mobiles mouvants de l'opinion populaire, cet homme porte en lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, la destinée de son nom que du temps, ce juge incorruptible qui fait justice à tous. » - MIRABEAU

                                                                                                                                                                                   Préambule

Un pays figé dans son fonctionnement, ne peut apporter l’espérance nécessaire à sa population. Il est donc difficile dans cette condition, de mobiliser les Forces vives, pour construire un avenir en commun.

Depuis son accession à l’indépendance le 15/08/1960, le Congo, notre pays, s’est placé dans ce cas de figure. La déception est tellement énorme, que nombreux, qui célébraient avec faste la liberté, vis-à-vis de la métropole, sont aujourd’hui nostalgiques de l’époque coloniale. L’injustice sociale, la désorganisation de l’administration, la justice au service des puissants, la faiblesse des infrastructures, la soumission de l’armée au pouvoir politique, l’effondrement de l’économie, le tribalisme etc… sont autant de mâts totémiques, symbolisant le mal être congolais.

Cette société figée, tire existence et pérennité de trois piliers majeurs : la faiblesse de l’état, la fragilité de l’économie et le conservatisme sociétal.

La faiblesse de l’Etat est incarnée, par le trop d’Etat. Il intervient maladroitement dans tous les domaines de la vie publique du pays. Il dénie au secteur privé, la capacité de se développer, d’engranger les profits, pour une croissance inclusive. L'appareil public a proliféré en institutions comme en effectifs.

Les administrations et les entreprises publiques, ont été multipliées, conférant à l'État une position dominante, dans le système productif et financier. L'État prétend tout faire. C’est État « baudruche» connaît une crise de croissance. Bloqué, il ne peut plus faire face à ses responsabilités.

Dans son impotence fonctionnelle, l’Etat est inefficace et induit un gaspillage de ressources. Les dépenses en salaires, absorbent la totalité des recettes courantes de l’Etat. Le déficit d’épargne budgétaire rend impossibles l’investissement et le service de la dette.

Le secteur public, déficitaire chronique, relaie aux collectivités des surcoûts, non justifiés par les prestations réellement assurées. Le volume des arriérés intérieurs et extérieurs, contrarie la liquidité de toute l'économie et le financement des investissements productifs. Les interventions de l'État sur le système des prix (prix administrés, subventions) et sur les importations, préservent des positions de rente coûteuses pour la collectivité nationale et entravent la croissance d'activités rentables.

Les racines profondes de la déliquescence de l’Etat, sont incarnées par l’échec de l’Etat Providence. Même si l'on se réfère à une conception plus rudimentaire de ce dernier, comme un pouvoir institutionnalisé et légitimé par un minimum d'acceptation populaire, le Congo ne peut se prévaloir aujourd’hui, de disposer d'un État véritable.

Il a dérivé vers un Etat Néo patrimonial. Le pouvoir est patriarcal, fondé sur la parenté. l'État patrimonial est organisé autour du Président, lequel exerce son pouvoir par le canal de la famille, mais aussi par celui des fidèles, des serviteurs et des clients, qui constituent son «état-major administratif».

Un système fondé sur l'obligation acceptée, et la loyauté des membres à l'égard du Président, et non sur la compétence, et la qualité du service public qu'ils rendent. Cette obligation est rémunérée. Par devoir, le Président récompense généreusement, ceux qui le suivent et le servent. Les moins zélés sont sévèrement sanctionnés. Il entretient également une relation ambigüe, avec l’opposition, allant de la compromission à la confrontation.

Par moment, l’Etat devient prédateur, se nourrit de la société sans lui rendre des services suffisants pour justifier son existence.

L'État est mou, en raison de l’anarchie fonctionnelle : absence de respect des directives édictées par l'autorité, collusions entre autorité et groupes de pression. La corruption est un élément central de ce système : des marchés imparfaits, des aides arbitraires de l'État (subventions, licences, exemptions diverses, prêts bancaires bonifiés, emplois à revenu élevé...). Les contrôles s'exercent, mais s'effectuant sur des mêmes bases arbitraires, ils alimentent la corruption qui, donne aux politiciens corrompus et aux fonctionnaires malhonnêtes, un droit acquis à maintenir et à étendre les contrôles.

La fragilité de l’économie. L’économie est financée par l’aide extérieure, mais plus particulièrement, par la rente pétrolière. C’est le syndrome Hollandais.

Le dutch disease est particulier aux économies à rente (agricole, pétrolière ou minière). C’est le cas du Congo. En phase de hauts cours mondiaux, la hausse des recettes est assimilée à des transferts nets de capitaux au bénéfice des dépenses publiques. La logique de redistribution des gains l'emporte sur la logique des investissements durablement productifs. Les revenus agricoles, pétroliers ou miniers exceptionnels induisent une forte hausse de la demande de construction et de services, impliquant des importations et des dépenses publiques nouvelles.

Les facilités financières poussent à la fuite en avant et favorisent les projets de grande taille (La municipalisation accélérée), en même temps que le secteur exportateur en forte croissance accroît ses investissements. Le poids des charges récurrentes et des amortissements n'est pas intégré dans le calcul des coûts prévisionnels.

Le système des prix et de change conduit aussi à des distorsions dans les rendements du capital par secteur conduisant à des affectations malencontreuses des gains de la rente, vers des branches non virtuellement rentables. Une économie d'endettement se crée irrémédiablement autour de l'argent facile.

L'effondrement des cours mondiaux tue ensuite l'économie de rente en révélant brutalement l'ensemble des déséquilibres financiers et des dépendances technologiques créés antérieurement. Aujourd’hui, la diversification de l’économie, fondée sur l’industrialisation, est la solution idoine, pour le redressement économique national.

Le conservatisme sociétal : la faillite est complète dans le domaine politique. Les dirigeants politiques se cantonnent dans une lutte stérile pour le pouvoir, sans aucune considération

pour le bien-être des citoyens de ce pays. Rien ne compte pour eux si ce n'est le pouvoir et, ce que l'exercice du pouvoir leur apporte. De remplir les, poches, exploiter le Congo et les Congolais, voilà la devise.

A tous les échelons, nombre de ceux qui dans notre pays ont une parcelle du pouvoir public se laissent corrompre, avantagent les personnes ou les Sociétés qui leur paient des pots-de-vin et négligeaient les autres. Leur activité professionnelle n'est plus inspirée par I'intérêt national, mais uniquement par leur intérêt égoïste. Ils ont détourné leur regard de l’intérêt général :

1/-restauration de I'Autorité de I'État et son prestige international.

2/- le respect des libertés démocratiques.

3/- la participation active directe ou indirecte du chacun au débat publique sur le vivre ensemble.

4/- La confrontation permanente des intérêts, des besoins, des nécessités économiques ou politiques. 5/- Libérer les congolaises et congolais de toutes servitudes et assurer le progrès social.

Reconquérir le futur, par une Études nationale de prospective à long terme. Au terme de de l'Étude, le gouvernement devrait disposer des éléments nécessaires, pour formuler un ordre du jour stratégique et un programme quinquennal en s'appuyant sur :

1/- une évaluation des questions nationales touchant les sources potentielles de la croissance, les tendances démographiques, les conditions sociales, les besoins en ressources humaines et en infrastructures, le développement du secteur privé et la protection de l'environnement;

2/- une évaluation des variables extérieures ayant des effets sur le pays, en mettant l'accent sur l'intensification de la coopération et de l'intégration régionale.

L'ordre du jour stratégique doit ensuite déboucher sur un cadrage macro-économique et sur la préparation de programmes de développement pluriannuels qui tiennent compte des contraintes financières et institutionnelles, des aspirations sociales et des préoccupations écologiques. Les politiques qui doivent être mises en avant pour corriger les tendances néfastes à long terme relèvent du développement humain, de la science et de la technologie, du renforcement institutionnel et, enfin, de la création d'un environnement propice à la production.

Manifeste du congrès du peuple

UNE NOUVELLE SOCIETE

AU SERVICE D’UN DEVELOPPEMENT AUTONOME

DU CONGO BRAZZAVILLE